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J’avais deux options pour vous présenter ce sujet sur le blog : à l’occasion d’Halloween, ou alors pour le 1er Avril…

En ce 1er Avril, il me semblait important d’aborder un sujet qui pourrait être une farce.

Ou pas ?

Dans cet article je vais donc m’intéresser à la question des insectes comestibles.

En fait, à cause de mes nombreuses intolérances alimentaires je dois supprimer le gluten, le lait, les oeufs, la plupart des fruits à coque, et j’en passe.

Au début, je me suis dit qu’avec toute ma liste d’interdits, je devrais bientôt changer de planète pour trouver les sources de glucides, protéines et lipides dont j’ai besoin pour vivre…

Blague à part, un jour, je me suis dit :

Et pourquoi pas essayer de manger des insectes ?

Aussi dégouttant et inquiétant que cela puisse paraître à première vue, nous allons découvrir dans cet article que les insectes ont un certain nombre d’avantages sur le plan nutritionnel et j’en passe.

Est-ce un bon moyen de réintroduire de la variété dans nos assiettes

Il faudra cependant nuancer tout cela, et prendre des précautions. Je vais en parler en détail aussi.

Par où commencer ?

Manger des Insectes comestibles - vers de farine

Crédit photo : Insectescomestibles.fr

Revue iconoclaste, partielle et partiale des tendances culinaires de demain  ><(((« >

Manger Vegan ?

C’était tendance, mais là c’est déjà démodé.

Et puis ça manque de viande…

D’ailleurs, à propos de viande…

Manger Paléo ?

L’idée fait fureur aux Etats-Unis. En France, on dirait que cette manière de s’alimenter comme nos ancêtres perce difficilement.

Ce type de régime fait la part belle aux produits non industriels et non transformés. C’est aussi l’idée de mettre de côté les produits de notre agriculture « moderne » (céréales et légumineuses en tête).

On privilégie les légumes, bien-sûr. Mais aussi et surtout la viande. Et le boeuf reste généralement au menu, même si c’est un produit dérivé majeur de notre agriculture intensive. Nos ancêtre ne chassaient pas les vaches, que je sache !

Bon alors ça veut dire que le vrai paléo demande de retourner à la chasse et de capturer des bêtes sauvages.

A moins que ?

Mais oui, il suffit de se baisser.

Il y a les insectes aussi !

Manger des insectes, une idée pas si farfelue (sur le papier)

Il existe des Cultures pour lesquelles l’entomophagie (nom barbare pour désigner les gens qui mangent des insectes) n’est pas une idée hors-norme, ni carrément repoussante. Mais ce n’est pas le cas de la gastronomie occidentale…

L’enjeu

Il existe actuellement une combinaison de problèmes où converge d’une part les changements climatiques et d’autre part une demande croissant en protéine au niveau mondial.

Le monde est en recherche d’un futur qui donne une place au développement durable pour la croissance de sa population.

Du coup, il existe un intérêt croissant de convaincre plus de gens à manger des insectes…

La piste des insectes

Certains travaux scientifiques préliminaires sérieux suggèrent que les insectes peuvent représenter une source de nutriments efficace, sécurisée, et de faible impact, par comparaison à la viande (Yates-Doerr 2015).

De plus dans de nombreux endroits du monde où des populations souffrent de malnutrition régulièrement, trouvent les insectes goûteux.

Le problème

Le vrai problème, c’est que les insectes qu’on est en mesure de produire à grande échelle ne sont pas typiquement les insectes que les gens rêvent de manger…

Qui voudrait croquer un beau criquet dodu ?

Non, je ne parle de faire un croquis d’un criquet…

Manger des insectes comestibles - brochettes de criquets

Une belle brochette de criquets. Crédit photo : Insectescomestibles.fr

Beaucoup de monde mange des insectes…

D’ailleurs il existe apparemment de nombreuses évidences qui confirment que l’homme a inclut à son menu la consommation d’insectes depuis l’époque des premiers hominidés. Amis adeptes du régime Paléo, cette info est pour vous !

Ce régime insectivore est encore aujourd’hui très répandu en Asie du Sud et de l’Est, en Afrique, en Amérique du Sud, et en Amérique Centrale. Même si cette pratique est en déclin dans certains endroits où le style de vie Occidental et notre gastronomie sont devenus une aspiration pour les gens à se convertir.

Et tous ces insectes qui véhiculent des maladies et mangent des trucs dégoûtants ?

Je me souviens avoir trouvé un jour dans un self-service (dont je tairais le nom, mais c’est véridique) un cafard au milieu de mon riz. Le serveur dépité, m’a proposé de me resservir une nouvelle portion de riz. Gratuitement.

Non, merci ! Même si vous deviez me payer monsieur, je ne suis pas certain que…

Le dégoût est la première réaction et la plus typique chez nous, Occidentaux, quand on voit des insectes dans son assiette.

Le dégoût qu’on a des insectes vient essentiellement du lien qu’on y voit avec des risques de contaminations, ou encore la peur d’une maladie.

Et il y a aussi cette idée selon laquelle les insectes sont dégoûtants parce qu’ils mangent eux-même des choses dégoûtantes…

Sincèrement, est-ce que vous vous posez toutes ces questions avant de manger des huîtres chaudes gratinées, des crevettes, du porc ?

Bon si vous êtes végétalien, l’argument ne va pas trop marcher, mais vous voyez l’idée.

Comment vous convaincre de passer le pas ?

Soyons factuels et scientifiques

Typiquement, nous les Occidentaux, nous avons besoin de rationaliser, de nous donner de bonnes raisons.

L’objectif étant d’aligner toutes les bonnes raisons de manger des insectes pour se convaincre de passer outre la barrière psychologique la plus énorme quand on se retrouve face à un insecte dans son assiette : le dégoût.

On pense généralement que l’éducation pourra compenser cette objection majeure d’ordre psychologique.

Mais si je vous disais qu’une larve de mouche contient plus de 62% de bonnes protéines, pas sûr que l’idée d’en manger vous enchante pour autant…

J’en appelle à votre responsabilité !

Il faut sauver notre planète et l’avenir de nos enfants.

Alors mangez des insectes !

En fait, ce genre de discours responsabilisant a plutôt tendance à renforcer encore plus le dilemme auquel les gens font face.

Beaucoup d’entre nous savent qu’ils pourraient manger des insectes, en principe, et peut-être même devraient-ils le faire !

N’empêche que c’est pas demain la veille que je mangerai des insectes, moi ! (A moins que…)

De la farine de grillon

Quand on cuisine sans gluten, on s’habitue à manier de nombreuses sortes de farines sans gluten qui apportent chacune quelque chose de particulier et de différent.

Que pensez-vous d’incorporer de la farine de grillon dans vos préparation ?

A méditer. (ou pas, selon les goûts de chacun)…

Et les risques alors ?

Ce point est très important.

En effet, il semble que l’ANSES, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation en France recommande la prudence concernant la consommation d’insectes dans un rapport ANSES publié le 9 avril 2015 (ce n’est donc pas un poisson d’avril a priori).

Il existe selon l’ANSES des risques d’ordre :

  • chimiques : en raison du risque associé à des substances fabriquées et/ou stockées dans le corps de certains insectes
  • physiques : du fait de la présence de parties dures telles que les carapaces chitineuses etc.
  • allergènes : en effet, il existe un risque d’une réaction en cas d’allergie aux crustacés
  • microbien : certains insectes pourraient être porteurs de parasites, virus, bactéries…

Il existe assez peu d’études menées sur le sujet du risque pour la sécurité sanitaire des insectes comestibles selon l’ANSES.

Et l’élevage d’insectes sur le sol français est à peine tolérée, à la limite de la réglementation, aujourd’hui. C’est dire à quel point les obstacles sont encore nombreux.

La réglementation des insectes comestibles en Europe

La loi autorise la commercialisation et la consommation d’insectes en France et dans l’Union européenne. La mise sur le marché d’insectes pour la consommation humaine entre dans le champ d’application du règlement (CE) n° 258/97 sur les nouveaux aliments. Ce règlement soumet, depuis le 15 mai 1997, tout nouvel aliment à autorisation communautaire avant mise sur le marché. Une évaluation qui vise à démontrer que le nouvel aliment ne présente pas de danger pour le consommateur, n’induit pas le consommateur en erreur et ne crée pas d’inconvénients nutritionnels.

L’aspect nutritionnel et sécurité des insectes comestibles vu par les scientifiques

J’ai trouvé la publication assez complète de travaux d’une équipe allemande (Rumpol 2013).

Effectivement, les insectes comestibles fournissent un apport satisfaisant en énergie et en protéines.

En particulier, les protéines des insectes satisfont les besoins en acides aminés pour l’homme.

Parmi les micronutriments, on retrouve dans les insectes comestibles :

  • cuivre
  • fer
  • magnesium
  • manganèse
  • phosphore
  • selenium
  • zinc

On compte aussi des vitamines telles que :

  • riboflavine
  • acide panthoténique
  • biotine
  • parfois acide folique

Je parlais plus haut de l’ANSES qui relève un risque physique à manger les carapaces d’insectes. Je précise que la carapace des insectes est faite de chitine. Et de manière très intéressante il existe des preuves scientifiques de la présence dans notre flore intestinale humaine de bactéries productrices d’enzymes chitinolytiques (donc capables de digérer la chitine). Et il a été admis que la chitine peut être digérée par l’homme !

Sur le plan de la sécurité alimentaire, les insectes comestibles peuvent présenter des risques allergéniques, toxiques, la présence d’antinutriments ou encore de pathogènes. Ce qui va globalement dans le sens de la conclusion de l’ANSES.

Toutefois la présence d’antinutriments tels que les oxalates, ou l’acide phytique restent dans une fourchette de valeurs nutritionnellement acceptable selon les scientifiques.

Cependant, pour moi, souffrant d’intolérances alimentaire le risque vient déjà des aliments « courants », alors je veux bien croire qu’il existe un risque associé à la consommation d’insectes.

Mais j’aime le risque, et ce serait une manière un peu décalée de réintroduire de la variété dans l’assiette et dans la cuisine. (Poisson d’Avril ! ou bien ? non c’est sérieux ?)

Remarques en cas d’allergie aux crustacés, ou encore de sensibilité au gluten

Au final, je rappelle que les insectes sont souvent élevés avec des céréales et des fruits (selon les espèces).

Par exemple, j’encouragerais une personne allergique aux céréales ou un malade coeliaque (souffrant d’intolérance au gluten) à se renseigner directement auprès de la boutique qui vend des insectes comestibles avant de commander et de consommer des insectes.

Les vers de farine mangent habituellement de la farine de blé… Reste à savoir les conditions d’élevage.

Manger des Insectes comestibles - vers de farine

Vous reprendrez bien quelques vers de farine (sans gluten ?) – Crédit photo : Insectescomestibles.fr

Les boutiques qui vendent des insectes comestibles sur internet pourront vous informer plus précisément si vous contactez leur service consommateurs. (Je vous ai mis un lien d’une boutique dans les ressources de cet article pour les plus téméraires)

Ok, c’est décidé j’arrête la viande et je passe aux insectes

J’ai noté que certains grands chefs trouvent de l’inspiration culinaire et gastronomique à explorer ce nouveau territoire.

Il paraitrait que les insectes auraient un excellent goût de noisette

Pour un peu, je me laisserais aussi tenté par l’aventure…

Moi, les crustacés ça passe, donc c’est décidé, je me mets aux insectes comestibles !

 

Je suis un peu sorti des sentiers battus dans cet article un peu « fou » spécialement pour un 1er avril.

Ca change des muffins sans gluten ou des gâteaux au chocolat sans gluten.

Mais j’ai trouvé l’écriture de cet article très amusante. Et puis sous couvert de légèreté, je dois vous dire que j’ai fait mes recherches sur le sujet. Quand même !

J’espère que l’article vous aura intéressé et diverti.

Si c’est le cas, partagez-le autour de vous !

Vos réactions m’intéressent, alors la zone de commentaire vous attend !

 

<(((« >

Poisson d’Avril ? (ou pas ?)

Réponse prochainement…

Non vraiment, il faut que j’en goûte…

 

Ressources utiles

Yates-Doerr E. The world in a box? Food security, edible insects, and « One World, One Health » collaboration. Soc Sci Med. 2015 Mar;129:106-12. doi: 10.1016/j.socscimed.2014.06.020. Epub 2014 Jun 17.

Rumpold BA, Schlüter OK. Nutritional composition and safety aspects of edible insects. Mol Nutr Food Res. 2013 May;57(5):802-23. doi: 10.1002/mnfr.201200735. Epub 2013 Mar 8. Review. PubMed PMID: 23471778.

Rapport ANSES du 9 avril 2015 : https://www.anses.fr/en/system/files/BIORISK2014sa0153.pdf

Acheter des insectes comestibles en ligne ?

insectescomestibles.fr

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